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Le Cnam enrichit son offre de formation

4 avril 2024

Ariane Fréhel, Directrice Nationale des formations au sein du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) est en charge de l’offre de formation tout au long de la vie (FTLV) et de son déploiement dans les centres Cnam en région. Face à l’émergence des micro-certifications dans le monde de la formation professionnelle, Ariane Fréhel répond à nos questions afin de mieux comprendre cette nouvelle solution et les bénéfices qu’elle peut apporter sur le plan professionnel.
Cnam Entreprises : Qu’est qu’une micro-certification ?

Ariane Fréhel : La micro-certification est un nouveau format qui permet d’attester la maîtrise d’une compétence, d’une connaissance dans un domaine spécifique. Elle est délivrée à l’issue d’une formation de courte durée qui se déroule principalement en ligne et se présente sous forme d’un badge numérique, disponible à la fin de la formation dès qu’elle sera validée.

CE : Comment les micro-certifications se situent dans l’univers de la formation aujourd’hui ?

AF : C’est une innovation dans l’univers de la formation qui se développe de plus en plus et qui débute au Cnam, le terme même est nouveau. Elles permettent aux professionnels de pouvoir mobiliser rapidement une compétence/connaissance précise dans un contexte professionnel. Ce sont des formations complémentaires aux formations traditionnelles qui sont plus longues (diplômes de l’enseignement supérieur). Pour les employeurs, il est important que leurs salariés actualisent et développent leurs compétences pour suivre les évolutions liées à leurs missions, mais également pour que l’entreprise reste compétitive. Dans le secteur privé, de nombreux organismes de formation proposent déjà des micro-certifications dans leur catalogue de formation et il en est de même pour certaines entreprises qui ont déjà créé leurs propres plateformes pour former leurs collaborateurs.

CE : Pourquoi le Cnam souhaite lancer des micro-certifications ?

AF : Inclure dans notre offre de formation les micro-certifications s’inscrit dans une certaine continuité par rapport à l’histoire du Cnam. En effet, le Cnam propose des enseignements à la carte et des stages courts qui donnent la possibilité d’aller à l’essentiel en construisant son parcours de formation. Cette nouveauté permet au Cnam de répondre aux nouvelles tendances du marché du travail qui font face aux mutations technologiques et organisationnelles. Avec ce nouveau projet, le Cnam affirme sa volonté de se moderniser, de répondre aux nouvelles attentes en matière de formation, c’est complémentaire à notre offre actuelle et cela permet d’élargir les possibilités et les domaines dans lesquels un salarié monte en compétences.

Au Cnam, la durée des micro-certifications sera comprise entre 7 h et 30 h, elles se feront principalement en ligne ou dans certains cas en hybride. Une phase d’expérimentation opérationnelle a débuté en février 2024 avec la proposition de 3 micro-certifications. Dès la rentrée 2024-2025, une trentaine de formations seront proposées dans notre établissement dans des domaines variés (les transitions écologiques, l’énergie, la santé, l’IA, le numérique, les sciences humaines et sociales et sciences industrielles, etc.).

CE : Quelles sont les différences entre un diplôme et une micro-certification ?

AF : Les principales différences que l’on peut noter entre un diplôme et une micro-certification sont tout d’abord la durée. Les micro-certifications ne demandent pas le même investissement au niveau du temps de formation qu’un diplôme car cela donne accès à la maîtrise d’une compétence en particulier. Autre point différenciant, c’est la finalité, contrairement aux diplômes, la micro-certification ne donne pas accès à une certification reconnue au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP). C’est une catégorie de formation qui est qualifiante et professionnalisante. Une reconversion professionnelle n’est pas envisageable simplement après avoir suivi une micro-certification.

Cnam Entreprises : Quels sont les critères à prendre en compte pour sélectionner une micro-certification ?

AF : Pour sélectionner les micro-certifications, il faut tenir compte des critères suivants :

  • L’objet de la formation qui doit être très spécifique et expliquer la compétence visée
  • La qualité du contenu transmis par le formateur
  • Vérifier le sérieux du dispositif d’évaluation proposé par l’organisme de formation
  • La pertinence de l’objectif définit au départ par rapport à son besoin de formation
CE : Comment les micro-certifications peuvent-elles contribuer à l’avancement professionnel d’un salarié ?

AF : Une fois la micro-certification validée, la personne qui a suivi une formation reçoit un badge numérique qu’elle peut mettre en avant sur LinkedIn ou sur son CV. Mettre en avant cette réussite est pour l’employeur une preuve de compétences, et montre aussi la motivation et l’envie de se perfectionner d’un salarié. Elles permettent d’attester d’une expertise qui est reconnue par un tiers et qui pourra par la suite être prise en compte pour une évolution professionnelle.

CE : Quels sont les challenges de la micro-certification au niveau de la reconnaissance sur le marché du travail ?

AF : Aujourd’hui, les micro-certifications sont confrontées à des challenges que sont la qualité et la reconnaissance. Le caractère innovant de ces formations fait qu’il n’y a pas encore de cadre réglementaire pour ce type de formation et que leur qualité et leur reconnaissance peuvent encore varier. Il va falloir être attentif et voir si ce type de formation fera l’objet d’une reconnaissance officielle à travers le système français de certification qui est déjà régulé et ouvert.

Ces nouvelles formations disposent d’un format intéressant pour développer et valoriser ses compétences professionnelles. Elles répondent à plusieurs tendances : modularité, numérisation, adaptation à un marché du travail en constante évolution et à un raccourcissement des formations. L’avenir des micro-certifications reste encore à définir et laisse place à quelques interrogations, à savoir si elles seront reconnues par France compétences au registre spécifique ou comme bloc de compétences.